Bourse au mérite : question à la ministre de l’éducation nationale

M. Jean-Frédéric Poisson appelle l’attention de Mme la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche sur les conséquences de la suppression brutale de la bourse au mérite.

Cette bourse au mérite est l’un des moyens inventés par la France pour favoriser l’accès de jeunes à l’autonomie. 1800 euros par an pendant trois ans versés aux titulaires d’une mention très bien au baccalauréat ou excellence en licence sont évidemment d’une aide précieuse pour les jeunes.

La suppression annoncée de cette aide est injustifiable si, comme disait le précédent ministre de l’Education nationale, la raison est budgétaire : 14,4 millions d’euros annuels, qui représentent 0,0002 % des 85 milliards d’euros dépensés par l’Etat pour la tranche d’âge 16-25 ans en France, ne constituent pas un danger pour les comptes publics.

Elle est ensuite inadaptée, parce que la suppression pure et simple de cette aide montre un acharnement à l’égard de tous ceux qui travaillent et ont de bons résultats. Les jeunes, en particulier ceux qui sont particulièrement méritants, deviennent une variable d’ajustement des politiques budgétaires. C’est pédagogiquement désastreux et éthiquement inacceptable.

Pour justifier la suppression de cette aide, le gouvernement évoque la réticence des universités à distinguer les meilleurs. Pourtant, c’est un fait, certains étudiants réussissent mieux que d’autres. Le fait de le nier ne permettra pas à ceux qui réussissent moins bien d’avoir de meilleurs résultats et ne fera que décourager ceux qui excellent. Pourtant, notre croissance, notre économie, notre réputation aussi dépendent de cette excellence de certains.

L’autre argument avancé par le gouvernement est que les bourses au mérite ne favorisent pas le taux de réussite au premier cycle : mais l’objectif de cette bourse est avant tout de reconnaitre le mérite de ceux qui sont issus de milieu modeste et qui excellent, et de leur permettre de se consacrer pleinement à leurs études. L’objectif gouvernemental affiché d’un gommage de prétendues inégalités au sein d’élèves boursiers va, en réalité, replonger des étudiants issus de milieux modestes en position d’inégalité par rapport à ceux de milieux plus aisés, car ceux-ci seront dans l’obligation de travailler pour obtenir des ressources complémentaires.

Jean-Frédéric Poisson interroge Mme la Ministre de l’éducation nationale quant aux possibilités d’un ajournement de cette décision budgétaire qui pénalise des milliers d’étudiants et envoie un signal profondément négatif à la jeunesse de France.

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