Interview de Jean-Frédéric Poisson dans Nice Matin

Le président du Parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson, sera à Nice jeudi 27 juin pour évoquer, à 18h30 au forum Jorge-François, 9, rue Cronstadt (entrée libre et gratuite), l’ouvrage qu’il a publié fin 2018, L’islam à la conquête de l’Occident. Il a évoqué avec nous la question migratoire, le respect de la laïcité et l’extension à venir de la PMA, qu’il juge indigne.

Six mois après, votre diagnostic sur un islam de conquête, réfractaire à toute autorité laïque, reste-t-il le même?
« Il est même renforcé par la parution d’autres ouvrages, Inch’Allah de Gérard Davet et Fabrice Lhomme ou Qatar papers de Christian Chesnot et Georges Malbrunot sur la stratégie d’influence du Qatar qui finance des projets salafistes en Europe. Chaque jour confirme que les Etats musulmans, devant la faible capacité de résistance des sociétés occidentales, continuent de déployer leur plan. »

Vos remèdes restent-ils également les mêmes?
« Oui. La manière dont la France conçoit le rapport entre les religions et l’Etat est la bonne façon de traiter l’islam. La séparation des églises et de l’Etat doit être la règle absolue d’organisation de la société. Et quand l’islam ne la reconnaît pas, cette règle doit lui être rappelée. Les maillots dits couvrants, pour ne pas dire burkinis, que certains veulent imposer, au mépris des règlements des piscines municipales, nécessitent ainsi un acte d’autorité. Non pas pour ennuyer les gens, mais pour signifier que notre République est régie par des règles. »

L’idée de quotas migratoires?
Je suis assez réfractaire aux quotas en général. Je crois, en revanche, à la réponse aux besoins. Il faut donc d’abord regarder les besoins. Mais je suis favorable à ce que le Parlement débatte une fois par an de ce sujet. Enfin, il sera dit que l’immigration est un vrai sujet politique, que le peuple, à travers le Parlement, est fondé à s’en saisir, et que c’est un sujet qui mérite une actualisation régulière. Plutôt qu’une logique de quotas, j’aimerais qu’on instaure une logique de codéveloppement, car on n’empêchera jamais des personnes qui vivent mal dans leur pays d’essayer d’aller voir ailleurs. Il faut donc travailler avec ces pays, avant d’organiser une immigration économique. La société française ne me paraît pas en état d’accueillir correctement, en gardant sa stabilité, quelque 250.000 migrants légaux, plus 30.000 régularisations, plus 80.000 naturalisations chaque année. Nous devons contenir ce flux migratoire qui produit dans notre société des déséquilibres dont on ne saura pas sortir. »

L’extension de la PMA dans la prochaine loi bioéthique…
« Cette pseudo-avancée est la dernière porte ouverte avant la légalisation des mères porteuses, puisque ce qui sera autorisé à des couples de femmes ne pourra être interdit à des couples d’hommes. Tout se met en place comme nous le redoutions, au détriment du droit des enfants à connaître leurs origines. Nous allons tout droit vers une forme moderne de réactivation de l’esclavage, ce qui pour moi est indigne. »

Votre sentiment sur l’état des Républicains?
« On s’approche doucement de la fin. A force d’avoir voulu mettre dehors tout ce qui tenait au respect de nos traditions et à un message « conservateur », en ayant ignoré que ces sujets-là faisaient partie des préoccupations de son électorat, le parti LR s’achemine vers sa propre sortie. Il avait fait la même erreur après la défaite de Sarkozy. Dans le préambule des Ateliers de la refondation, il avait été rappelé que Les Républicains n’étaient pas conservateurs. On fait porter à François-Xavier Bellamy le poids d’une défaite due à l’ambiguïté du parti, qui défend grosso modo le projet de Macron. Ça nous invite à constituer le pôle politique dont notre pays a besoin, qui reposera sur une conception traditionnelle de l’histoire de la droite. »

Mais Les Amoureux de la France, que vous aviez lancés avec Nicolas Dupont-Aignan, ont fait pschitt eux aussi…
« Les Amoureux de la France sont morts. M. Dupont-Aignan a décidé d’en prononcer l’acte de décès, en mettant dehors ceux qui avaient participé à sa fondation. Vive la nouvelle réunion, ailleurs et sous une autre forme, de tous ceux qui sont attachés à ce qu’il y a, dans notre société, de traditionnel et d’enraciné. »

Comment cet engagement va-t-il se traduire par rapport au Rassemblement national?
« Vous raisonnez encore à partir d’étiquettes. Moi, je vous parle d’un projet politique. La question n’est pas de savoir avec qui il se fera, mais sur quelles bases. Nous devons d’abord établir ce que nous allons proposer aux Français pour emporter leur conviction. Nous allons affiner ce projet durant l’été et je pourrai vous en dire plus en septembre. »

Articles recommandés