Drogues dures : l’Etat complice

Matignon a donné son feu vert à l’ouverture d’une salle de consommation de drogue dans le quartier de la gare du Nord à Paris avant la fin de l’année. Aujourd’hui lors des Questions au gouvernement, le ministre de la Santé Marisol Touraine a eu l’audace de nous accuser de faire « le choix de l’idéologie » quand elle faisait « celui de la santé publique »…

Le gouvernement a-t-il conscience de ce qu’il est en train de faire ?

Madame Touraine a beau professer la « tolérance zéro » en matière de lutte contre le trafic de drogue, c’est toute la législation sur le sujet qui est remise en cause. Avec les « salles de shoot », le gouvernement ouvre largement la voie à la légalisation de toutes les drogues. Est-ce là son but ?

Car la situation que va créer l’ouverture de ces salles sera rien moins que kafkaïenne : l’Etat fournira et financera les locaux, le matériel et le personnel nécessaire pour encadrer la consommation de substances illicites ! C’est une situation si paradoxale qu’elle ne pourra être tenue longtemps, et il faudra sortir de l’ambiguïté soit en renonçant à ces salles, soit en légalisant la drogue.

L’ouverture prochaine d’une telle structure suppose notamment l’impunité totale du consommateur, car il faudra bien que celui-ci vienne avec ses produits. Ou bien sera-t-il systématiquement interpellé par les forces de l’ordre à l’entrée de la salle ?

Quant aux dealers, que leur reprochera-t-on dès lors que l’Etat subventionnera la consommation des substances qu’ils vendent ? Si l’Etat ouvrait des boulangeries, condamnerait-on les boulangers qui y vendent du pain ? Le gouvernement ne peut continuer à affirmer son hostilité face à la drogue tout en se rendant complice de ce trafic.

Il est révoltant de voir la consommation de drogue dure ainsi banalisée. C’est une injure faite aux personnes toxicomanes et à leurs familles, qui ne demandent pas des moyens de consommer en toute tranquillité, mais de l’aide pour sortir de la spirale infernale de la dépendance qui, il faut bien le dire, mène souvent à la mort.

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