J’étais l’invité de la matinale de Public Sénat ce jeudi 30 juin

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François Hollande dans les Échos ce matin défend son bilan et revient sur tous les grands enjeux sociaux, économiques du moment. Pour vous, ça y est, il est candidat définitivement ?

– JFP : Défend son bilan, ça doit être un petit article alors, parce qu’il n’y a pas grand-chose à en dire.

D’abord toutes les thématiques, du Brexit, en passant par la fiscalité…

– JFP : Après avoir balayé l’ensemble des valeurs de la gauche, François Hollande balaye l’ensemble de son programme. C’est le quinquennat le plus catastrophique de l’histoire de la Vème République. La France sort de ces 5 années plus affaiblie que jamais sur la scène internationale, plus fragile que jamais sur le plan socio-économique, plus morcelée que jamais sur le plan social et sur en ce qui concerne le peuple français, plus douteuse que jamais de son identité. Rien n’est bon.

Rien n’est bon ?

– JFP : Rien n’est bon et j’assiste avec mes collègues de l’Assemblée nationale depuis quelques jours à la cure de thérapie collective du parti socialiste : c’est le projet de loi « égalité – citoyenneté » à l’Assemblée nationale depuis une semaine. Voilà, c’est la fin de la catastrophe.

François Hollande également, dans les Échos, à propos du Brexit, à la question : est-ce qu’il y aura un referendum en France, François Hollande dit non, la présidentielle servira de referendum, c’est aussi votre analyse ?

– Evidemment pas, les questions qui touchent à la souveraineté et aux affaires régaliennes prennent dans la campagne qui s’annonce une importance plus grande que dans les scrutins précédents. C’est le signe aussi d’un affaiblissement sans précédent de l’État. Pour autant, il me semble que sur ce point particulier de la reconstruction de l’Europe, de sa refondation, les Français doivent être sollicités spécifiquement…

Donc il faut un referendum sur l’Europe ?

– JFP : Pas nécessairement sur la question de savoir s’il faut rester ou non, en tout cas.

Sur quelle question ?

– JFP : Le débat public va devoir dire quelle est l’Europe qu’il s’agit de construire maintenant et si la seule réponse que l’on apporte est « il faut toujours plus de la même chose », on va dans le mur.

Je pense qu’il y a une nécessité pour une Europe civilisationnelle, recentrée sur de vrais projets de coopération entre les nations.

Avec un nouveau traité ?

– JFP : Nécessairement avec un nouveau traité, parce que l’on assiste à autre chose en ce moment à la faillite du modèle de Maastricht et des traités qui ont suivi Maastricht…

On met quoi dedans ? Il faut un Schengen 2, il faut quoi ?

– JFP : Il faut faire en sorte que l’Europe soit d’avantage présente sur les sujets stratégiques, c’est-à-dire son œuvre de civilisation au regard du monde, sa capacité d’équilibrer la bagarre intense qu’il y a entre les États-Unis et la Chine sur la scène internationale et donc un rapprochement avec la Russie, plus un certain nombre de sujets industriels et économiques comme les big data, les grands investissements et la protection extérieure des frontières.

Pour faire simple, pour ceux qui ne veulent plus de l’Europe d’aujourd’hui, vous semblez en être, est-ce qu’il faut dire non justement à François Hollande en 2017, si sa candidature se confirme ?

– JFP : C’est une des 214 raisons ou 216, je ne sais plus, pour lesquelles il faut dire non à François Hollande. Ce n’est pas sérieux de reconduire le chef de l’État, qui a mis la France à genoux, avec une énergie qui me laisse pantois encore aujourd’hui. Il n’est pas question que François Hollande soit réélu Président de la République en 2017, ni d’ailleurs qui que ce soit qui viendrait de la majorité du parti socialiste.

Concernant l’économie, il y a une repris de la croissance, la création de 200 000 emplois, là vous le croyez François Hollande ?

– JFP : 200 000 emplois, on verra parce qu’on a vu une rechute au mois précédent du chômage, parce que le nombre de demandeurs d’emploi a encore augmenté il y a quelques semaines malgré la baisse du mois précédent. Nous verrons bien, effectivement les organismes économiques semblent s’accorder sur ces chiffres, ce qui est sûr c’est que la politique du gouvernement n’y est pour rien.

Baisse aussi également, annonce de baisse d’impôts pour les classes moyennes, cadeau ?

– JFP : Cadeau, bien sûr, Cadeau d’autant plus qu’il est fait avec l’argent des autres et qu’on ne voit pas très bien comment les milliards qui sont en train d’être dépensés seront financés. C’est ce que dit la Cour des comptes dans son rapport, c’est ce que dit le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale. Ce qui est sûr, c’est que nous entrons dans une séquence budgétaire au cours de laquelle nous assisterons à Noël au mois d’octobre, c’est-à-dire que tout le monde va aller au pied du sapin récupérer le cadeau budgétaire de François Hollande, qui puisqu’il a, je pense, la conviction qu’il n’exécutera pas le budget de 2017, va satisfaire absolument tout le monde.

Avec ces cadeaux, est-ce qu’on est à nouveau ou pas dans une sorte de clientélisme à la veille de la présidentielle ?

– JFP : Oui, bien sûr, de la même manière que le projet de loi « égalité et citoyenneté » est l’occasion pour la gauche de dire à la gauche qu’elle est de gauche. De la même façon, le budget de 2017, les deux budgets puisqu’il y aura aussi le budget de la sécurité sociale, seront pour la gauche une occasion de se rappeler au bon souvenir de ses électeurs.

François Hollande  n’y va pas de main morte sur le programme économique des candidats de la droite à la primaire. Ce matin dans les Echos, il dit « ce programme est inadapté, dangereux pour le modèle social français ». Vous êtes donc en tant que candidat de la droite à la primaire, dangereux.

– JFP : Oui, merci de le signaler à vos auditeurs ce matin (rires) Non, je ne sais pas si c’est dangereux, je pense que l’inflexion qui est donnée dans cette primaire est beaucoup trop libérale pour moi. Moi je suis historiquement un chrétien social, je suis très attaché à la négociation collective. L’ancien DRH de la métallurgie que je suis sait le poids de la négociation collective et la force des collectifs de travail. Je n’aurais probablement pas voté la loi telle qu’elle est sortie du Sénat avant-hier. En particulier sur un point, parce que je pense que les branches professionnelles demeurent le pivot de l’économie française. Tout ce qui les affaiblit, affaiblit en fait l’économie.

Jean-Frédéric, votre credo, c’est « je veux réveiller les Français », alors est-ce qu’ils sont endormis ? Simplement depuis Hollande ou l’endormissement a commencé sous Sarkozy ?

– JFP : Si tous les problèmes que connaît la France aujourd’hui avaient démarré en mai 2012, ce serait beaucoup plus simple et beaucoup plus confortable. Mais malheureusement, on voit bien ce à quoi nous sommes confrontés sur le plan international avec des alliances qui sont quasiment contre nature,

Vous jugez comment le quinquennat de Nicolas Sarkozy ? En gros…

– JFP : Rétrospectivement, il a été percuté par la crise de 2008 et il faut quand même en mesurer le poids. Les intentions, je pense, étaient bonnes et si nous avions eu l’occasion de les conduire à terme, sans doute le pays serait dans un autre état aujourd’hui. Mais on s’est heurté à deux écueils, que nous n’avons pas su contourner : le premier, c’est une résistance, une inertie terrible de l’appareil administratif d’État français que nous n’avons pas su faire entrer dans nos politiques, il faudra d’autant le plus d’énergie pour la prochaine fois pour y parvenir ; et deuxièmement, je pense qu’un certain nombre de choses qui avaient suscité un grand espoir chez les Français pendant la campagne de 2007, en particulier la référence à mai 1968, le rétablissement de l’autorité est encore une demande majeure des Français aujourd’hui, en tout cas c’est ce que je sens dans les réunions publiques que j’organise dans la France entière depuis quelques mois. Cette demande-là n’a pas non plus été honorée.

Qu’est-ce que vous défendrez à la primaire, vous êtes libéral ? Gaulliste ?

– JFP : Je suis un chrétien social, cela veut dire que je crois dans la responsabilité personnelle. Je suis un ancien chef d’entreprise, un des quelques parlementaires qui ont exercé cette responsabilité, je crois dans l’économie de marché, quand elle est régulée, je crois dans la responsabilité individuelle, mais je pense que la force du collectif doit primer sur l’individualité.

Êtes-vous le centriste de la primaire de droite ?

– JFP : Ah, je suis en tout cas, celui qui s’en rapproche le plus, c’est certain. J’ai démarré quand j’étais plus jeune, mais c’était au siècle dernier, ma vie politique au centre des démocrates sociaux, qui était à l’époque présidé par François Bayrou, qui a bien changé depuis. Moi je n’ai pas changé.

François Hollande, à propos toujours de cette primaire de la droite, dit c’est un fond commun de mauvais placements. Vous lui répondez quoi au candidat-président ?

– JFP : C’est une parole d’expert.

Est-ce que dans cette primaire, vous allez être totalement à l’opposé d’un Alain Juppé par exemple, sur son ambition d’une société heureuse, ça vous parle cette société heureuse ?

– JFP : Personne n’est contre la société heureuse, le tout est de savoir comment on y parvient et il me semble que les points les plus saillants de désaccords que j’ai avec Alain Juppé portent d’abord sur ce que je considère être une forme de naïveté terrible sur l’Islam, qui est je crois une des questions centrales du mandat qui s’ouvre en 2017.

Monsieur POISSON, vous avez tweeté le 14 juin dernier, « c’est bien l’Islam, qui pose problème à la France, pace seulement le radicalisme », est-ce que vous pouvez expliquer parce-que cela peut quand même prêter à confusion.

– JFP : Non, cela ne prête pas du tout à confusion. Quand vous regardez les conceptions qui sont les nôtres, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité et de la laïcité, c’est-à-dire les trois termes qui sont au fronton de nos écoles et de nos mairies, plus ce quatrième terme de la devise républicaine, comme la laïcité semble avoir vocation à l’être, il y a vraiment l’Islam d’un côté et la République française de l’autre côté. Sur le sens, les significations de ces notions, nous sommes assez radicalement opposés parce que simplement, nous avons nous, le sens de l’universalité de ces valeurs, « Liberté, Égalité, Fraternité » ce qui n’est pas le cas de l’Islam. Par ailleurs, nous avons, nous, fondé la société française sur la conception chrétienne de la laïcité, c’est-à-dire une séparation stricte entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux. Vous ne trouvez rien d’équivalent dans l’Islam. Ça choque, la vérité est peut-être choquante, c’est la vérité.

Mais aujourd’hui, il y a 5 millions de musulmans en France. Vous leur dites quoi ce matin ?

– JFP : D’abord, je les invite à lire dans le détail ce que j’ai publié dans mon projet et dans le livre que vous avez eu, Monsieur Viguier, la gentillesse de présenter tout à l’heure, « Notre sang vaut moins cher que leur pétrole », dans lequel je rappelle que la seule manière de lutter contre le radicalisme islamiste, c’est de le faire avec les musulmans et de contracter avec eux. Je veux rentrer avec les musulmans croyants de France dans une forme de logique concordataire. Il ne s’agit pas de rouvrir le débat sur la loi de 1905, parce que nous n’avons pas les moyens politiques et ce serait très imprudent, en revanche il faut que la France dise aux musulmans de France ce qu’elle attend d’eux, en échange du fait que la France garantisse aux musulmans leur droit, leur dignité et la décence des conditions de la pratique de leur foi.

C’est très clairement un contrat entre les musulmans de France et la France.

Et vous dites « attention, nos valeurs, la religion d’un côté, la politique de l’autre. » Alors quand, vous dites ça, c’est très bien, mais quand on voit la création par Civitas, l’autorisation pour Civitas de créer un parti politique, donc les catholiques intégristes, est-ce que c’est le rôle des catholiques intégristes justement d’avoir un parti politique en France ?

– JFP : Il faut leur demander Monsieur, je ne suis pas catholique intégriste, je suis catholique, mais pas intégriste. Très clairement, c’est le ministère de l’Intérieur qui donne les autorisations. Je ne trouve pas anormal que quelqu’un veuille constituer un parti politique pour défendre les idées qu’il veut dans le débat public. Mais je ne comprendrais jamais comment, on peut rentrer sur la scène politique en considérant que la démocratie est le mal absolu ou quasiment et vouloir entrer dans le jeu démocratique, il y là une contradiction que je ne comprends pas. Mais par ailleurs, la France est le pays de la liberté d’expression, c’est une forme d’expression.

Jean-Frédéric POISSON, de nombreux candidats républicains se sont prononcés contre l’abrogation du mariage pour tous. Et vous votre position, c’est l’abrogation ?

– JFP : Je n’ai pas changé d’avis, je pense qu’il y a dans cette loi une terrible nocivité de principe, dans le sens où c’est l’altérité des sexes qui doit être fondatrice du corps social et pas autre chose que cela. Et des conséquences qui sont insupportables pour la société et pour la dignité humaine, c’est à dire la légalisation des mères porteuses, qui est en germe dans la loi Taubira.

Nicolas Sarkozy avait parlé lui, d’abrogation au début avant de revenir en arrière, cela vous inspire quoi ?

– JFP : Je doute qu’il ait jamais été complètement convaincu du fait qu’il faille l’abroger, premièrement et deuxièmement, je note que sa dernière position en date, ce n’est pas l’abrogation.

Sur la GPA, aujourd’hui, est-ce que vous dites, attention, il y a à nouveau ou il y a encore danger, ici en France, que la GPA a un moment ou à un autre, soit vraiment sur le devant de la scène ou pas ?

– JFP : J’ai déposé la semaine dernière, plainte auprès du procureur de la République de Versailles, parce que j’ai appelé un numéro de téléphone que j’ai récupéré sur un site Internet accessible par nous tous, un numéro de téléphone qui est en France, commençant par 01~ j’ai eu une femme au bout de la ligne téléphonique, qui m’a proposé les services d’une mère porteuse pour 25,700 euros. Voilà, donc ce n’est pas une possibilité, c’est une réalité, c’est la marchandisation des enfants. Et c’est de la réduction en esclavage des femmes dont on se sert pour faire naître ses enfants, donc c’est insupportable.

Dernière question, vous parliez tout à l’heure du radicalisme islamique, la Turquie frappée par les attentats, Daesh, bien évidemment, serait derrière selon les autorités turques. La Turquie a-t-elle été laxiste, selon vous ?

– JFP : Les puissances sunnites de la région ont joué avec le feu en laissant Daesh s’installer parce que tout le monde était d’accord sur un point, il fallait débarquer le régime alaouite de Damas. Et donc, ils ont laissé faire : ce qu’ils n’ont pas compris, très vite, c’est qu’effectivement ces sunnites fondamentalistes se retourneraient bientôt et contre Ryad, Ankara et Istanbul. C’est exactement ce qui est en train de se passer.

Jean-Frédéric POISSON, François Hollande dans son interview aux Échos ce matin, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche serait dangereuse. Cela vous parle, cette déclaration ? Barack Obama, cette nuit, dénonce le discours xénophobe de Donald Trump, alors est-ce que vous êtes d’accord avec ces déclarations ?

– JFP : Je ne peux pas reprocher au Président Obama, d’avoir un regard sur les élections. Notre chef de l’État devrait être prudent à l’égard de personnes qui sont susceptibles de gagner une élection à la fin de l’année, car je fais partie de ceux qui pensent que Donald Trump peut parfaitement gagner l’élection présidentielle américaine, d’ailleurs pour les intérêts français et pour l’équilibre international je pense que ce serait meilleur.Donald Trump dit aux américains : « je vais m’occuper de vous » et les américains n’attendent que ça, que l’on s’occupe d’eux. C’est d’ailleurs ce qui fait je crois, le côté spectaculaire de son succès et le fait qu’il arrive comme Trudeau au Canada et bien d’autres dirigeants, sur le devant de la scène alors qu’il n’était absolument pas attendu.

Vous vous considérez comme le Trump français ?

– JFP : Absolument pas, cela n’a rien à voir.

François Hollande ajoute, « ces slogans diffèrent peu de ceux de l’extrême-droite en Europe et en France. »

– JFP : Oui, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, cela montre là encore que notre président de la République ne comprend pas les États-Unis, ne sait pas ce qui s’y passe et est incapable de comprendre aussi combien les américains sont tout autant que les Européens, percutés par la mondialisation, en dépit du fait que les apparences ne le disent pas. Mais il y a une très grosse interrogation, une très grosse inquiétude du peuple américain sur ce phénomène. Les américains, le peuple américain, demandent un chef d’État et un État qui les protègent, les Français aussi, et c’est le sens que je donnerai également à ma candidature pour la primaire.

Merci, Jean-Frédéric POISSON, député des Yvelines, président du parti chrétien démocrate et candidat à la primaire de la droite et du centre.

 

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