Ukraine : Re-belote !

Les responsables français et bon nombre de médias se félicitent de la prise de pouvoir parfaitement illégale des opposants au pouvoir de Kiev. Sans doute la vulgate européenne, y est-elle pour quelque chose : il n’est pas de bon ton, dans notre pays, d’avoir à l’égard de l’Europe un regard critique, pour ne pas dire d’y voir une des causes majeures d’un certain nombre de nos tourments, économiques comme sociétaux. Dans ce contexte, le Président ukrainien qui refusait l’entrée de son pays dans l’UE pouvait-il apparaître autrement que comme un affreux méchant ? Compte tenu des risques majeurs de déséquilibre qui affectent désormais l’est de notre continent, je n’arrive pas à voir dans le débarquement du Président ukrainien une bonne nouvelle.

Et puis il y a le reste. Je veux dire le contexte diplomatique, et en particulier une forme de mépris à peine caché à l’égard de la Russie. « On » avait déjà ignoré Poutine au moment de l’affaire syrienne. Je me souviens même d’avoir entendu le Président français expliquer qu’il allait faire changer d’avis la Russie sur le soutien au régime de Damas. On voit ce qu’il en est advenu : non seulement la Russie n’a en rien changé sa position, mais elle a profité de ce « remarquable impair » pour consolider son poids diplomatique dans le monde entier.

Et cette fois-ci, re-belote ! Soutenir le renversement du régime de Kiev au mépris des intérêts russes et de leur poids est une faute : qui pouvait imaginer que Moscou pourrait laisser les capitaux étrangers se saisir des champs de blé et des ressources énergétiques de l’Ukraine, et peut-être à terme priver la Russie d’un accès à la Mer Noire ?

Décidément, l’alignement systématique de la diplomatie française sur les vues américaines est furieusement plus atlantiste que tout ce que N.Sarkozy avait pu faire ou même imaginer. Le problème est que, dans cet excès, on prend le risque d’abîmer durablement des relations avec un pays – la Russie – dont pourtant nous avons grandement besoin. On se demande parfois comment nos gouvernants actuels voient le monde.

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