Article dans La Vie : « Aucune entreprise occidentale ne finance Daesh. »

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TERRORISME : POUR NOS DÉPUTÉS, AUCUNE ENTREPRISE OCCIDENTALE NE FINANCE DAESH

OLIVIA ELKAIM publié le 20/07/2016

EDITION ABONNÉS – LA VIE

MERCREDI 20 JUILLET, LES PARLEMENTAIRES ONT REMIS LEUR RAPPORT SUR LES
MOYENS DONT DISPOSE DAESH AU PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE,
APRÈS SIX MOIS D’ENQUÊTE. IL EXPLORE LA FAÇON DONT FONCTIONNE CETTE
ORGANISATION. ET BLANCHIT LES ENTREPRISES ET LES ETATS EUROPÉENS DE
TOUTE COLLABORATION ÉCONOMIQUE AVEC L’ORGANISATION TERRORISTE.

Tout est parti d’une rumeur. Courant 2015, avant même l’attentat du
13 novembre à Paris, l’ambassadrice de l’Union européenne en Irak
émet le soupçon que des pays du vieux continent achèterait du
pétrole à l’Etat islamique.

« Mon sang ne fait qu’un tour ! »se souvient Jean-Frédéric Poisson, député des Yvelines, président
du Parti chrétien-démocrate, et candidat à la primaire de la droite
et du centre. Il demande illico la création d’une mission
d’information sur les moyens et les financements dont dispose Daesh.
Pendant six mois, des députés de tous bords entendent une soixantaine
d’experts et rencontrent les autorités de six pays.

HASARD DE CALENDRIER, ILS TRAVAILLENT EN MÊME TEMPS que Georges Fenech,
élu LR, et Sébastien Pietrasanta, PS, qui ont remis début juillet
leur rapport sur les moyens de lutte contre le terrorisme, préconisant
notamment une refonte des services de renseignements pour faire face à
cette nouvelle menace. Ils auditionnent parfois les mêmes personnes.
« Ce sont deux rapports complémentaires. Nous, nous nous sommes
concentrés sur la façon dont Daesh fonctionne » explique
Jean-Frédéric Poisson, président  de la commission d’enquête. Et
d’ajouter que contrairement au rapport Fenech, critiqué par
l’exécutif et par Bernard Cazeneuve qui l’a qualifié de «
plum-pudding », il n’y a pas d’enjeu polémique au sien. Il
s’agissait pour les élus d’établir un état objectif de la
situation. Le contenu du rapport  a d’ailleurs été voté à
l’unanimité.

LES DÉPUTÉS CONSTATENT LA TRANSFORMATION DE L’ETAT ISLAMIQUE en une
entité mafieuse, à mesure qu’il échoue à mettre en place le
califat ; la fin de son implantation territoriale et sa progressive
arrivée en Libye ; le fait que ses moyens se réduisent très vite car
le cours du pétrole a chuté et les ressources venant des extorsions et
du racket se sont taries. Enfin, ils disent que la stratégie de
communication, dans ce contexte, est devenue centrale, comme on a pu le
voir après l’attentat du 14 juillet ou celui du train allemand. _«
Il s’agit de montrer à la terre entière que même si le califat se
réduit, Daesh peut obtenir des « victoires » comme celle de Nice »,_
souligne Poisson. Daesh se glorifie de sa capacité de nuisance. Son
utilisation des réseaux sociaux, filière privilégiée de recrutement,
s’est professionnalisée. Et le rapport lève le doute : ni les Etats
européens, ni les entreprises de notre continent ne financent
directement ou indirectement Daesh, comme le laissait entendre
l’ambassadrice de l’UE en Irak il y a un an.

ENFIN, ALORS QUE DANS LA NUIT DE MARDI, LES PARLEMENTAIRES votaient la
prolongation de l’Etat d’urgence, ils pointent dans leur rapport les
limites des réponses à caractère judiciaire ou policier. _«
L’urgence est une réponse politique, tonne Poisson. Et j’ose le mot
: une contrepropagande à opposer à l’idéal de vie proposé par
Daesh qui garantit succès et exploits à des gens à qui personne ne
s’intéresse. » Lui n’a pas voté l’Etat d’urgence. Avec ses
collègues, il inscrit ce travail parlementaire dans « une perspective
résolument optimiste » malgré la réitération des attaques, car
« l’engagement de tous les Français, civils et militaires,
représentants des forces de l’ordre, magistrats, enseignants,
politiques, journalistes… montrent que notre pays sait faire face. »
Mais c’était rédigé avant le 14 juillet à Nice…

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