Développement des soins palliatifs : question écrite à Marisol Touraine

M. Jean-Frédéric Poisson attire l’attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur les dangers que représente un nouveau texte sur la fin de vie pour le développement des soins palliatifs en France.

Suite au débat sur la fin de vie qui s’est tenu à l’Assemblée nationale le mercredi 21 janvier à l’initiative du Gouvernement, il constate que le développement de ces soins, attendus par la majorité des Français, semble ne pas être suffisamment pris en considération. L’orientation prise lors du débat a été considérée par de nombreux citoyens comme une ouverture à l’euthanasie, incompatible avec le développement effectif des soins palliatifs.

Le texte sur la fin de vie promeut en effet la « sédation profonde jusqu’au décès associée à l’arrêt de la nutrition et de l’hydratation », pratique dont il n’est d’ailleurs pas possible de garantir qu’elle ne dérivera pas vers une pratique à caractère euthanasique. Or sédater de façon continue jusqu’au décès ne demandera pas de moyens financiers ou humains supplémentaires.

En revanche, le développement des soins palliatifs sur le territoire national demandera beaucoup de travail. Tout est encore à faire en termes d’accessibilité aux soins palliatifs, de formation des jeunes médecins et des professionnels en place, et de financement pour équiper les établissements médicalisés français. En effet, comme le rappelait le président du Comité consultatif national d’éthique au mois de décembre à l’OPECST, seuls 15 % des EHPAD sont en mesure de dispenser des soins palliatifs, et 13 000 personnes âgées de plus de soixante-dix ans, dont le décès est pourtant prévisible, meurent chaque année dans les heures suivant leur admission dans les services d’urgence, dans des conditions déplorables.

M. Jean-Frédéric Poisson insiste sur la nécessité d’équiper tous les EHPAD et toutes les institutions pour personnes handicapées de dispositifs de soins palliatifs, jour et nuit, pour mieux accompagner les personnes dans leurs derniers moments, mieux gérer la douleur, et éviter d’engorger les urgences qui ne sont pas faites pour accueillir les mourants. C’est le manque de formation des médecins et le manque de moyens financiers dédiés aux soins palliatifs qui font que « l’on meurt mal en France », comme le disait le professeur Sicard.

Face à ce constat et face à l’ampleur des travaux, il lui demande quelles mesures elle compte prendre pour rendre effectif le développement des soins palliatifs en France, en termes de formation des médecins, de mise en place de dispositif palliatif dans toutes les institutions médicalisées, et bien évidemment en termes de moyens financiers, pour que chaque citoyen puisse exercer son droit d’être soigné, et accompagné dans la dignité, sans être tué.

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